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PREMIERS SOUVENIRS

Je me souviens qu'il faisait bon vivre en ce temps là dans mon quartier et pourtant on n'avait rien mais on possédait les plus grandes richesses: l'air pur et la liberté.

Quand je suis arrivée, je n'avais qu'un an, mes 5 premières années je les ai passées dans une cabane en bois en pleins champs. N'oublions pas que nous étions les enfants d'après guerre et la pauvreté régnait en maître.
Puis des âmes généreuses on fait construire les premiers hlm. Dès notre installation, la vie fut différente. Pourtant en ce temps là, il n'y avait pas d'eau chaude, pas de chauffage. Dans la salle à manger, il y avait un poêle à charbon et dans la cuisine une cuisinière à charbon. Le frigidaire n'était qu'un grand meuble ou l'on mettait de gros bloc de glace que l'on achetait au camion qui passait une fois par semaine.

Les hivers m'ont toujours paru rigoureux. La neige n'était pas forcément la bienvenue car nos vêtements étaient juste ce qu'il fallait et le journal dans les godillots était bien utile. On avait souvent le bout du nez rouge et les genoux violets. Le bus qui nous transportait à l'école ne pouvait plus rouler alors on allait à pieds, la neige jusqu'aux mollets sur 3 km. Mais on ne souffrait pas cela paraissait normal de vivre ainsi.

Les étés étaient plus joyeux.  Pas de problème de vêtements et le bus était toujours là pour nous emmener à l'école.
Le jeudi, on passait notre temps dehors à courrir à travers champs, la campagne nous appartenait du moins on le croyait. On avait juste la main à tendre pour ramasser des fruits. Les jardins étaient entretenus par quelques voisins et quelques irréductibles continuaient à y habiter.
Le quartier n'était pas encore aménagé. Notre territoire de jeux était les terrains vagues tout autour, les caves nous servaient de cachettes où l'on aimait se faire peur. Les voisins criaient d'aller plus loin mais on s'en fichait.
Puis on s'arrêtait de jouer car une musique une seule attirait notre attention c'était celle du marchand de glace. On se collait tout autour et on ne faisait que regarder car on n'avait pas de sous mais on avait notre bienfaitrice. C'était notre voisine préférée car elle payait des glaces à tous les gamins de la rue. En ce temps là, cela coûtait 0,50 fr environ.

Puis la télé commençait à s'installer chez les petites gens. Nous aussi, on en acheta une. A 17 heures, il n'y avait plus un enfant dehors car c'était l'heure du feuilleton zorro et pour rien au monde on ne l'aurait loupé. Puis 20 minutes plus tard, on courait à nouveau.

à suivre...

Plus tard, deux épiceries virent le jour.

La première, la plus proche, était petite et haustère. La propriétaire me semblait vieille et aigrie par la vie, elle était tout de sombre vétue, elle était grande et séche comme un coup de trique. Ma mère m'y envoyait acheter des sacs de charbon. C'était chez Breton.

Un peu plus loin, il y avait la boutique SPAR qui faisait café comme l'autre mais elle était bien plus grande et moins cher. Nous, on venait principalement y acheter des bonbons. Les plus hardis les volaient, c'était facile.

Que de plaisirs à manger ces caramels mous à 1 centime pièce.

Puis un goulet turpin ouvrit ses portes juste en face de nos immeubles. On y faisait crédit et l'on payait à la fin du mois.

Ensuite, une boulangerie fit son apparition, puis un coiffeur, une pharmacie, un boucher, un teinturier et un médecin.

Bref notre quartier devenait un village, il ne manquait plus q'une église ce qui fut fait peu de temps après.

Elle bouleversa un peu les traditions car elle était de construction moderne.

L'été nous passions la plus part de notre temps dans les champs, c'était notre centre de vacances. On se gavait de fruits et on était heureux malgré notre pauvreté.

Tous les gosses du quartier se connaissaient comme les gens d'ailleurs.

Nous allions tous à la même école à 3 km de là. Un bus nous y emmenait comme je l'ai dit plus haut. L'été par contre en attendant l'autocar, on allait dans le petit bois en face, on ramassait des fraises des bois. Maintenant, le petit bois est devenu une résidence avec quelques maronniers que l'on a épargnés. Les garçons préféraient aller au lac de l'autre côté de la rue pour attrapper des tétards. Aujourd'hui les tétards sont morts, le lac asséché et une résidence a pris place.

A suivre...

Le temps a continué de défiler et nous continuions de vivre dans l'insoucience bénite de l'enfance.

Le jeudi matin, nous allions au cathéchisme, puisqu'il y avait une église et son curé. Je me souviens que ma mère y tenait beaucoup. Moi j'y allais parcequ'on me le disait et c'était le rendez-vous des enfants. On était très studieux même si le bon Dieu on y croyait pas beaucoup.

A la fin du mois de septembre ou début octobre, je ne me souviens plus très bien, il y avait la kermesse. En ce temps là c'était vraiment la fête. Après la messe, ça commençait vraiment, il y avait des stands comme à la fête foraine, une grande balançoire que tous les enfants regardaient avec extase en attendant passiemment leur tour, une buvette, des marchands de gauffres et une estrade où dansaient des groupes folkloriques. Il y avait aussi la fanfare avec ses majorettes, qui défilaient dans tout le quartier. C'était vraiment un jour béni pour tout le monde. En ce temps là, les curés savaient gérés et attiraient leurs ouailles.

Puis la vie reprenait son rythme. Et cela aurait pu durer des années mais l'ombre des promoteurs commençait à rôder.

Un jour, sans savoir par quel miracle, on transforma nos terrains vagues en terrain de jeux. On nous installa même des tape-cul, un tourniquet et un bac à sable.

Le tout fut joliment entouré de pelouse où on n'avait pas le droit de marcher sous peine de sanction de la part du concierge. D'ailleurs je me souviens d'un homme méchant qui passait son temps à nous surveiller et à la moindre erreur de notre part, il aboyait et nous confisquait notre ballon qui avait eu le malheur de frôler la précieuse herbe.

Mais on l'oubliait bien vite. Tout autour de nos immeubles régnait encore la campagne et l'on continuait à s'y rendre.

En face de notre immeuble passait un ruisseau qui venait de la forêt et qui continuait son chemin pour moi enfant très loin. On aimait y patauger malgré les sangsues, puis quelqu'un a décidé que c'était dangereux, alors ils ont mis des clotûres. Alors, on est passé par dessus les clôtures et on a continué à patauger.

Il est vrai qu'il y avait des rats mais quand on a 10 ans on s'enfout.

Quand il pleuvait le ruisseau débordait et notre rue était innondé ainsi que les caves, cela pouvait aller jusqu'à un métre d'eau.Il n'y avait personne pour aider les habitants en ce temps là, on se débrouillait seul ou avec les voisins. C'était ainsi et personne ne se lamentait. On nettoyait et la vie reprenait son cours.

Il y avait aussi le passage de la crèmière. Elle venait avec sa camionette grise, un tube je crois,comme le marchand de glace, elle klaxonnait. Alors on se dépêchait de prendre nos bouteilles de verre pour lui acheter du lait qui en ce temps là était tout frais. C'était la seule crèmière du coin et elle le savait. Il était difficile de lui faire crédit sans qu'elle nous vole. Mais c'était comme ça. Puis petit à petit on ne la revit plus, les boutiques qui venaient de naître lui avait mangé le nez.

A suivre....

 



11/06/2006
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